Trois essais sur les interactions entre changements institutionnels, évolutions culturelles et développement économique
Monsieur Victor HILLER - Professeur des Universités (Université Paris 2), directeur de thèse
Monsieur Fabio MARIANI - Professeur ordinaire (Université catholique de Louvain), rapporteur
Monsieur Thierry VERDIER - Professeur des Universités (École d'Économie de Paris - PSE), rapporteur
Madame Johanna ETNER - Professeur des Universités (Université Paris Nanterre)
Monsieur Paul MAAREK - Professeur des Universités (Université Paris 2)
Cette thèse est un recueil de trois essais qui contribuent à la littérature sur la relation culture, institutions et développement. Le premier chapitre présente un modèle où la culture et les institutions co-évoluent avec l'industrialisation. Les institutions représentent le pouvoir politique relatif des travailleurs par rapport à l'élite. Cette dernière est divisée entre deux groupes culturels : les entrepreneurs et les non-entrepreneurs, la culture est définie comme la proportion de chaque groupe. L'évolution de la culture et des institutions se répercute sur l'industrialisation. Cette interaction peut conduire à des trajectoires de développement multiples. Ce résultat nous permet une réinterprétation des expériences d'industrialisations dans différents pays. Les faits suggèrent que l’autonomisation des femmes, tant au sein du foyer que dans la sphère politique, a le potentiel de promouvoir le développement. Néanmoins, les interactions existantes entre ces deux facettes de l'autonomisation n'ont jamais été prises en compte. Nous proposons un modèle dans lequel le pouvoir de négociation des femmes dans les sphères privée et publique sont endogènes. Nous montrons que les interactions réciproques entre l’évolution du pouvoir des femmes dans la famille et dans la société peuvent conduire à l’émergence d'équilibres multiples et à des phénomènes de dépendance à l'histoire. Nous discutons également des politiques publiques à mettre en place afin de permettre à un pays de sortir d'une situation patriarcale caractérisée par un faible niveau de développement. Le dernier chapitre porte sur la relation entre évolutions culturelles et abolition du servage. Nous proposons un modèle à deux classes sociales : les travailleurs et l'élite. Les travailleurs se partagent entre travailleurs libres et serfs. L'élite est composée de modernistes et de traditionalistes. Les premiers présentent une désutilité plus élevée lorsqu'ils emploient des serfs. La culture est définie comme la distribution de ces deux traits. La dynamique du modèle peut conduire à des équilibres multiples : un équilibre sans servage et un équilibre avec servage. En accord avec certaines études empiriques nous mettons en évidence le rôle joué par les évolutions culturelles dans le processus d'abolition du servage.