L'ANR accorde un financement au projet SIGNAL porté par le LEMMA
Le projet porté par le professeur Olivier BOS s’intitule « Effets de réputation dans les enchères et les mécanismes incitatifs : approches théoriques et expérimentales – SIGNAL ». Il vise à éclairer les mécanismes sous-tendant les investissements parfois importants réalisés dans le domaine de l’art, alors même que ceux-ci sont systématiquement moins rentables que ceux réalisés sur les marchés des capitaux. Dès lors, des mécanismes autres que la simple recherche d’une maximisation du profit entrent en ligne de compte. Des recherches ont déjà été entreprises sur le sujet. Ainsi, l’effet « de réputation », notamment, c’est-à-dire la perception extérieure de la participation d’une entreprise à une enchère et ses répercussions sur la valeur de cette structure et de ses dirigeants, a été mis en lumière depuis une douzaine d’années. Les entreprises savent en effet qu’en participant à une enchère, peu importe son issue, leur comportement sera analysé pour évaluer leur valeur intrinsèque, leur perspective financière ou encore la qualité de leur management.
L’objectif de ce projet, rattaché au LEMMA, est d’approfondir ces perspectives en utilisant de manière originale des instruments scientifiques classiques : théorie des mécanismes, jeux de signaux et « persuasion bayésienne ». En effet, la combinaison d’outils issus de ces domaines est novatrice, et permettra de développer et approfondir la compréhension de l’ensemble des mécanismes d’allocation, au-delà des enchères, dans lesquels les participants sont soucieux des effets de réputation. Ces résultats apporteront de nouvelles perspectives sur des thèmes de recherche vastes et dynamiques, en théorie des mécanismes et en théorie des organisations : l’organisation des appels d’offres publics, mais aussi les mécanismes d’allocations utilisés par de nombreuses entités économiques.
Pour ce faire, trois situations type seront analysées. Tout d’abord, les participants à une enchère ne sont pas uniquement soucieux d’obtenir l’objet mis en vente au prix le plus favorable, mais aussi de la qualité de l’information trahit par leurs comportements et transmise à autrui. L’appréciation des qualités des participants dépend alors de l’information disponible et du format du mécanisme utilisé, à savoir les règles d’allocation et de paiement, ce qui n’est pas sans affecter les comportements stratégiques des participants et ainsi le résultat de l’enchère. Par exemple, un même type d’information révélée dans des enchères dynamiques et sous pli scellé conduit à des modifications comportementales diverses. Ces trois exemples nécessitent chacun une analyse rigoureuse, au moyen des outils scientifiques décrits auparavant.
Le projet SIGNAL s’inscrit indéniablement dans la continuité des travaux récents sur les mécanismes d’enchères en présence d’effets de réputation. Ceux-ci comparent des formats d’enchères spécifiques mais demeurent silencieux quant aux mécanismes optimaux. La spécificité du projet SIGNAL se situe à ce niveau de l’état de l’art en la matière. L’enjeu est la mise en exergue des mécanismes optimaux en présence d’effets de réputation, de leurs propriétés d’(in)efficacité allocative, et de la révélation optimale d’information.