Décomposition de l’évolution des inégalités en France de 1970 à 2018

Clément CARBONNIER - Université Paris 8 (LED)

Cet article contribue à la compréhension de l’évolution des inégalités de revenu en France de 1970 à 2018. Les deux dernières décennies ont vu de grandes avancées sur la mesure des inégalités de revenu et de patrimoine en comparabilité géographique et temporelle (Piketty, 2003 ; Piketty & Saez, 2003). Une critique issue de la sociologie soulève le prix de cette comparabilité : l’uniformité et la continuité des mesures, associées à la disparition des caractéristiques socio-professionnelles (Pierru & Spire, 2008 ; Duvoux & Papuchon, 2022). Une critique économique insiste aussi sur les comparabilités des mesures monétaires de différentes qualités de patrimoine (Bonnet et al., 2015 ; Carbonnier, 2015, 2017). À partir des bases de données ERF puis ERFS de 1970 à 2018, cet article met en place une méthode de décomposition semi-paramétrique (DiNardo et al., 1996 ; Biewen & Juhasz, 2012) sur une succession de périodes temporelles, entre les déterminants liés aux compositions familiales, aux CSP, à la participation féminine, aux salaires par type d’emploi, aux autres revenus de marché, aux impôts et aux allocations. Il apparaît que le principal déterminant est l’évolution des revenus du travail et dans une moindre mesure des taxes et transferts : ces effets sont fortement non-monotones et suivent le cycle économique. L’effet des CSP principales apparaît surtout dans les périodes de crise (hausse des inégalités) quand l’effet de la CSP de la conjointe est très légèrement à la hausse des inégalités en tendance, ce qui montre que l’endogamie compense l’effet direct d’augmentation des revenus féminins en termes d’inégalités.

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